Quand la COVID fait l’histoire
Une plateforme pour les musées d’Europe
La Maison de l’histoire européenne a lancé un projet visant à recueillir des témoignages de la vie en Europe pendant la pandémie, sous le titre provisoire «La COVID documentée». Jusqu’à présent, le projet portait essentiellement sur les phénomènes de solidarité, d’espoir et de communauté. Nous souhaitons l’approfondir en partageant les expériences recueillies par plusieurs musées et les collections qu’ils ont constituées. Ensemble, elles nous permettent de relier, de confronter et de comparer les différentes expériences vécues sur tout le continent.
The Royal Albert Memorial Museum, Royaume-Uni – Héros du confinement I
Jack Hopkins
Jack, cinq ans, habite dans le nord du Devon. Il a parcouru 50 km pendant le confinement pour récolter des fonds au bénéfice de la NHS. Il a ainsi réussi à collecter 1 550 livres sterling. Il a marché sur cinq kilomètres deux fois par semaine et ne s’est laissé arrêter par aucune difficulté car, dit-il, «les médecins et les infirmières avaient besoin d’aide pour vaincre le virus». Distingué par Katie Roberts
Mahi Ahmed
Mahi Ahmed est le fondateur du programme d’aide Coronavirus Hardship Relief de l’association Inclusive Exeter. Alors que montait la rumeur d’un confinement, Mahi a entrepris de livrer des repas savoureux et nutritifs aux personnes vulnérables de la ville. En quelques jours, une équipe de bénévoles de choc s’est formée avec leurs différentes tâches: coordonner, prendre les commandes, acheter les produits, cuisiner et livrer. L’enthousiasme contagieux de Mahi a apporté à notre équipe toute l’énergie et la motivation dont elle avait besoin. Grâce à sa vision et à son dynamisme, plus de 1 000 personnes ont pu bénéficier de repas et de colis alimentaires. Lui dirait que chaque membre de l’équipe mérite ce titre, mais pour nous, c’est lui notre héros du confinement. Distingué par par Alan Quick.
City Community Trust
Le CCT est le principal mouvement caritatif d’Exeter en matière de santé et de bien-être. Il propose de nombreuses activités axées sur la santé, l’éducation, le bien-être et le sport à des personnes de tous âges en partenariat avec le club de football de la ville. Au plus fort de la crise sanitaire, le CCT s’est attaché à aider les services d’assistance d’Exeter et de l’est du Devon. Pendant tout le mois de mai 2020, ils les ont aidés à distribuer des denrées alimentaires et des médicaments aux plus vulnérables.
Jamie Vittles, Andy O’Doherty et toute l’équipe du City Community Trust ont été distingués par Peter Holland, conseiller municipal.
Marilyn Laws
Depuis la fin du mois de mars 2020, Marilyn Laws a collecté bénévolement plus de 1 000 livres sterling pour le Children’s Hospice South West et a ainsi apporté un sentiment de sécurité à la communauté. Marilyn s’est servie de ses talents de couturière pour fabriquer des masques qu’elle a vendus au profit d’une association qui accueille des enfants malades en phase terminale. La population a fait preuve d’une incroyable générosité, non seulement en donnant de l’argent, mais aussi en aidant Marilyn à vendre ses masques. La mission de Marilyn se poursuit! Distinguée par Simon Tootel
Paul Mouland
Paul Mouland et les bénévoles de Freemoovement ont livré des repas chauds aux sans-abri par vélo-cargo, ainsi que des médicaments, des livres de bibliothèque, des colis alimentaires et des fournitures essentielles pour les personnes défavorisées ou émotionnellement fragilisées par le confinement. Ils ont noué des partenariats avec de nombreuses associations humanitaires, notamment d’inspiration chrétienne, le St Thomas Food Fight et le St Thomas Medical Centre par exemple. Paul a également organisé des réunions d’urgence Covid-19 en ligne pour les quartiers de St Thomas, Alphington et Exwick. Ces réunions ont été d’un secours immense pour la ville d’Exeter. Distingué par par Chloe Pooley
The Royal Albert Memorial Museum, Royaume-Uni – Héros du confinement II
Peter Hall, employé du YMCA d’Exeter
Notre héros du confinement est Peter Hall, employé du YMCA (Young Men’s Christian Association) à Exeter. Alors que les 31 jeunes que nous hébergeons dans nos logements sociaux voyaient peu à peu disparaître leurs réseaux, leurs routines et les contacts avec leurs proches, Peter a tout fait pour les rassurer. Il a tout fait pour les soutenir lors de ses rondes, répondant à leurs craintes et leur parlant à distance pour qu’ils sachent que quelqu’un était là pour eux.
Lydia Brown, employée du YMCA d’Exeter
Lorsque le confinement a été instauré, le 23 mars 2020, Lydia Brown, employée du YMCA d’Exeter, est restée de garde 24/24 heures et 7/7 jours. Elle s’est occupée sans relâche de ces jeunes afin que cette période difficile ne nuise pas à leur santé mentale. Elle a accompagné un résident à l’hôpital, elle a fait la queue pendant des heures pour récupérer des ordonnances. De nombreux résidents avaient simplement besoin de parler au téléphone, y compris la nuit, et ils savaient que Lydia était là pour eux. Pour nous tous, au YMCA d’Exeter, Lydia est une héroïne du confinement.
Sarah Griffiths, employée du YMCA d’Exeter
Lorsque la pandémie a éclaté, Sarah Griffiths a réussi à elle seule à tenir les logements sociaux du YMCA d’Exeter parfaitement propres pour ses 31 résidents. Elle s’est surpassée, mettant même sa propre santé en danger pour écarter tout risque de propagation du virus. Elle s’est employée à nettoyer sans relâche les poignées de porte et à désinfecter parfaitement les salles de bains communes, armée d’un courage et d’une gentillesse sans failles envers tous nos jeunes. Pour nous tous, au YMCA d’Exeter, Sarah Lydia est une héroïne du confinement.
David Spicer
Les 50 premiers jours du confinement, mon très cher ami David Spicer a organisé des quiz sur internet avec des tubes qu’il jouait au clavier. Cette distraction quotidienne est rapidement devenue très importante pour tous ses amis et sa famille car il leur permettait de discuter en ligne. Ce moment apportait de la joie dans cette période d’angoisse où tout le monde était coincé chez soi. Ses bavardages, ses blagues et ses talents de claviériste étaient le point fort de nos journées et nous ont permis de surmonter plus facilement l’enfermement. Distingué par Dax Oliver
Sammy Hartstein
En tant que bénévole pour l’équipe d’intervention de Buckfastleigh, Sammy, 16 ans, a livré régulièrement des colis de la banque alimentaire. Muni de son masque et de ses gants, il a transporté de lourdes caisses chez des personnes défavorisées, souvent sous un soleil de plomb. Outre la nourriture, il portait aussi des livres chez des personnes isolées, les aidant ainsi à surmonter leur ennui. Et tout cela malgré le décès de sa grand-mère, la solitude du confinement et le stress des examens. Distingué par Helen Hartstein
Irish Linen Centre & Lisburn Museum — «La COVID-19 et moi»
Personnel et président du conseil municipal de Lisburn & Castlereagh autour de la bannière florale de la NHS
Cette bannière florale, dédiée au service national de santé (NHS), a été plantée par le personnel du conseil municipal de Lisburn & Castlereagh dans les jardins du château de Lisburn (17e siècle).
Boutique fermée, centre-ville de Lisburn, mars 2020
Le confinement de mars 2020 a imposé la fermeture des magasins dans tout le pays. Sur leurs portes closes, les commerçants ont souvent laissé des petits mots d’encouragement à la population inquiète comme le message: «prenez bien soin de vous». Cette boutique de barbier turque est située sur la place du marché, à Lisburn.
Masque en lin pour enfant
Le lin est un tissu solide, léger, facile à travailler et respirant. C’est l’un des meilleurs tissus pour fabriquer des masques. En Irlande du Nord, le port du masque dans les espaces publics fermés a été rendu obligatoire pour lutter contre la pandémie.
Gel désinfectant pour les mains, avril 2020
Le gel alcoolique désinfectant était un article très demandé au début de la pandémie. De nombreuses distilleries ont cessé de produire des spiritueux et ont commencé à vendre leur propre marque de gel. Shortcross Gin, à la périphérie du village de Crossgar, dans le comté de Down, commercialise ses produits en ligne.
Archives MAS & Felix, Anvers, Belgique, «Archives du corona»
Bannières de la prison d’Anvers
Les employés et les détenus de la prison de Begijnenstraat ont fabriqué quatre bannières. C’était leur façon de transmettre un message de solidarité et d’empathie et de souhaiter à tous de rester en bonne santé.
15 mars – 16 mai 2020
Collection: MAS, numéro d’inventaire: MAS.0328.002
Sport en ville
«Beerschot Atletiek» et «Buurtsport Kiel en Hoboken» ont développé un parcours de fitness dans le quartier de Kiel. Ils proposent des exercices que chacun peut faire dans différents lieux publics, en utilisant les bancs, les escaliers, etc.
20 avril 2020
Flâner sur le Meir
À la fin du confinement, les magasins situés sur le Meir, principale artère commerçante de la ville, ont rouvert leurs portes. De nombreuses mesures de sécurité ont été prises à cette occasion. La municipalité a appliqué des marquages au sol pour canaliser les flux de piétons et assurer la distanciation physique.
31 mars 2020
Collection: FelixArchief, numéro d’inventaire 2876#82
Iftar à vélo
Lors du ramadan, il n’était pas possible de célébrer l’Iftar, rupture collective du jeûne à la tombée de la nuit. Certaines mosquées, telles qu’El Fath, ont par conséquent décidé de livrer des repas par vélo-cargo à des personnes isolées ou en situation de pauvreté.
12 avril – 13 mai 2020
Collection: FelixArchief, numéro d’inventaire 2920#6
Concert du groupe ’t Akkoord pour la résidence De Fontein
Comme il s’est avéré que les personnes âgées étaient les plus vulnérables au coronavirus, de nombreux résidents de maisons de retraite ont dû rester enfermés. Le groupe ‘t Akkoord a donc décidé de les distraire en organisant un concert devant la résidence De Fontein, dans le respect des mesures de distanciation sociale.
10 mai 2020
Collection: FelixArchief, numéro d’inventaire 2893#2
Musée national de Lituanie «Raconter la COVID-19 au musée»
«Anxiété», composition musicale de Zita Bružaitė
Lorsqu’a été décrété le confinement, le 16 mars 2020, la musicienne Zita Bružaitė a commencé à composer sa nouvelle pièce Nerimas (Anxiété). Elle s’est consacrée chaque jour au moins une demi-heure à cette œuvre. La partition manuscrite qu’elle a offerte au musée reflète l’humeur de l’artiste au fil de ces journées de réclusion forcée.
T-shirt
Bloquée à la maison pendant le confinement, Gintautė s’est consacrée à son passe-temps favori, la broderie. Après avoir demandé à ses contacts Instagram ce qui représentait le mieux la période qu’ils étaient en train de vivre, elle a brodé 33 motifs inspirés de leurs réponses sur un vieux t-shirt: des concepts, des souvenirs ou des choses plus matérielles comme du papier toilette ou un respirateur. Lorsque l’un de ses followers lui a demandé de broder «quelque chose de magique», elle a décidé de l’interpréter par l’image d’un coronavirus dans un bocal en verre. Ce T-shirt a été offert au musée par Gintautė Riabovaitė.
Cerisiers en fleurs virtuels
Chaque printemps, les habitants de Vilnius se rendent dans le parc planté de sakuras, ces cerisiers ornementaux du Japon, pour admirer les arbres en fleurs. Mais en 2020, par mesure de précaution sanitaire et afin de limiter les rassemblements, la municipalité de Vilnius et la société de télécommunications Telia ont installé des caméras dans le parc afin d’en diffuser les images en direct sur Internet. La municipalité de Vilnius a fait don du panneau informatif au musée.
Un billet depuis Bali
En mars 2020, lorsque les frontières de la plupart des pays se sont brusquement refermées, de nombreux voyageurs se sont retrouvés en grande difficulté. Le ministère des affaires étrangères de la République de Lituanie a commencé à organiser des vols de rapatriement depuis les pays où ses ressortissants bloqués étaient les plus nombreux. Le dernier vol au départ de Bali a eu lieu entre le 28 et le 29 mars. Ugnė Karaliūnaitė, passagère sur ce vol, a offert ses billets au musée.
Un modèle pour les masques
Lors de l’apparition et de la propagation rapide des infections liées au coronavirus, les établissements de santé lituaniens manquaient d’équipements de protection, et il leur était quasiment impossible de s’en procurer. Face à cette situation, l’école de robotique a élaboré un modèle d’impression de masque en 3D, repris par les entreprises et les particuliers pour imprimer plus de cinquante mille masques pour les professionnels de santé en un temps très court. Paulius Briedis de l’école nationale de robotique (VšĮ Robotikos mokykla) a fait don du modèle au musée.
Fondation du Musée des postes et télécommunications, Berlin (Allemagne) - «Communications au temps de la COVID»
Colis pour hamster
Ce «colis pour hamster» a été envoyé pendant la pandémie. Il s’agit d’un cadeau d’anniversaire un peu spécial, les visites étant impossibles. Il contient deux rouleaux de papier-toilette, un grand paquet de pâtes et des boîtes de conserve, articles particulièrement prisés lors des premières mesures prises contre le coronavirus en Allemagne car ils avaient disparu des rayons de nombreux magasins. L’expéditeur était l’«entreprise Hamster, rue Hamster à Hamsterville».
Amberg, le 18 avril 2020
Carte postale de remerciements aux facteurs
Cette carte postale de fabrication artisanale a été adressée à la poste allemande dans le but de remercier ses agents qui travaillaient sous forte pression pour traiter l’afflux de lettres et de colis lors de la pandémie de COVID-19. Face aux mesures de confinement, de nombreux foyers se sont mis à commander par correspondance. Depuis, les envois sont très souvent livrés sans contact direct. Cette carte postale est un témoignage de solidarité aux facteurs, dans le même esprit que les applaudissements qui ont retenti chaque soir pendant le confinement en soutien aux soignants. Elle représente la cathédrale de Cologne dans une boule à neige.
Cologne, 30 mars 2020
Journal d’une période extraordinaire
Dans ce recueil, publié par l’artiste Hasso von Henninges, vingt auteurs relatent leur expérience au jour le jour de la pandémie de coronavirus entre mars et avril 2020, période marquée par les mesures de lutte contre le virus et le confinement. Certaines pensées ont été retranscrites à la main, d’autres sur ordinateur. Cet ouvrage de 260 pages a été tiré à 32 exemplaires.
Nuremberg, mars/avril 2020
Cartes postales au temps du corona
L’artiste Susanne Schattmann a demandé à des parents et amis de personnaliser de vieilles cartes postales qu’elle avait recouvertes de peinture acrylique. Plus de 50 personnes de tous âges ont répondu à son appel et lui ont renvoyé leurs créations. Les motifs et techniques appliqués sont de toutes natures: aquarelles, photos, graffitis et dessins. Un «circuit de cartes» connexe est également en cours d’élaboration, ainsi qu’une chanson rédigée pour l’occasion.
Nuremberg, mars à juin 2020
Instructions sur mesure pour aider les seniors à utiliser Skype et l’IPad
La communication numérique a explosé avec la pandémie de coronavirus. Les échanges personnels sont devenus largement virtuels en raison des mesures de confinement. C’est pourquoi M. Rauch a acheté un iPad à ses parents octogénaires afin de pouvoir communiquer avec eux sans être présent physiquement. Ses parents n’ayant aucune expérience des ordinateurs, des smartphones ou d’Internet, M. Rauch a élaboré des instructions étape par étape pour leur expliquer comment utiliser la tablette et le service de messagerie instantanée Skype.
Dortmund, 22 mars 2020
Gallery Oldham, Royaume-Uni – «Musée du confinement à Oldham»
Tandle Hills
Parcs, clubs et aires de jeux pour enfants, ou herbe tendre, ciel et grand espace... Tandle Hills a été et reste notre sanctuaire. Les enfants ont besoin d’espace, de temps et de jeux pour s’échapper du monde qui les entoure et s’affranchir des règles de la maison et des adultes. Quand la situation est devenue trop pesante, c’est là que nous sommes venus panser nos plaies.
Infirmières portant des visières décorées dans la salle des enfants
Le musée du confinement à Oldham est un projet numérique qui entend retracer la vie dans la région pendant la pandémie. La population locale a réalisé des enregistrements pour une capsule temporelle à partager avec les générations futures d’Oldham.
Ours en peluche à la fenêtre
Neuf expositions numériques ont été postées sur le site de la Gallery Oldham: Confinement, Gentillesse, Objets, Fabriquer des choses, Changements, Messages, Nature, Sport et Travail. En août, le projet a également demandé au public d’envoyer des productions écrites: «Les lettres du confinement».
Liechtenstein National Museum, Liechtenstein – «Vie quotidienne et COVID-19»
Impressions de Ruggell – «Messages postaux»
Bureau de poste de la municipalité de Ruggell
À gauche: affichette annonçant la réouverture du bureau de poste avec horaires limités à partir du 20 avril 2020.
À droite: affichette invitant à respecter la distanciation sociale et à éviter de régler ses opérations en espèces.
Historic England, Royaume-Uni – #PicturingLockdown
Jenny McLean évoque Nidiya
Près de chez moi se trouvent les parcelles collectives de Boundary way. J’y suis allée hier et j’ai rencontré Tony McLean, un Jamaïcain avec qui nous avons discuté de ce projet. Il m’a dit que sa femme, Jenny, était à l’enterrement de sa meilleure amie, décédée de la COVID-19. J’ai vu Jenny ce matin, elle m’a dit qu’elle aimerait bien venir bavarder avec moi dans les jardins, car elle s’y sent bien et y trouve beaucoup de réconfort. L’enterrement de son amie, Nidiya, qu’elle connaissait depuis 33 ans, l’a tellement bouleversée qu’elle s’est sentie mal. Les populations noire et indo-pakistanaise semblent avoir été les plus durement touchées par la maladie dans la ville de Wolverhampton.
Applaudissements pour les soignants
Roy Mehta, l’un des dix artistes qui participent au projet, a choisi cette photo de Shuvaseesh Das, prise dans la banlieue de Londres. Cette image est intitulée Clap for NHS London. (Applaudir la NHS, National Health Service, de Londres). J’ai bien sûr aimé d’autres images, mais celle-ci saisit bien la réalité du confinement qu’ont vécu tant de personnes. Le cadrage place le couple en contexte et les applaudissements au balcon permettent immédiatement d’identifier de quoi il s’agit. Le sérieux des visages rend cette image encore plus frappante.
Bataille d’eau dans le respect de la distanciation sociale
Un peu d’amusement par une chaude journée de printemps. Deux gamins se battent à coup de jets d’eau. Leurs rires innocents et leurs cris indignés, rappels des jours passés et des jours à venir.
Juliette, Juliette (Sons de la rue)
Alors que le printemps arrive et que les journées se réchauffent, j’ai trouvé un véritable havre de paix dans mon jardin. Le confinement et l’apparition de symptômes inquiétants ont fait de cette petite parcelle de terre un abri sûr dans lequel j’aime à me réfugier encore aujourd’hui. Un endroit où je peux retrouver le monde sous la forme du vent, du chant des oiseaux, des voix d’enfants ou du soleil qui caresse mes paupières. C’est peu, mais c’est déjà merveilleux de trouver un tel espace de paix alors que nous vivons si près les uns des autres.
Musée de la Vie wallonne, Belgique – «Illustrer la crise sanitaire»
Masque de protection
Ce masque a été conçu dans le cadre de la crise sanitaire par Isabelle Mathieu, chapelière à Alleur. Il permet aux muets, aux sourds et aux malentendants de communiquer. «RElab Liège» a collaboré au projet en fournissant des visières de protection découpées au laser pour éviter au tissu de s’effilocher.
Perth Museum & Art Gallery, Écosse – «La COVID à l’échelle locale»
Vive les graffitis!
Après deux mois de confinement, des protestations moqueuses ont commencé à apparaître parallèlement à l’attitude conciliante de la population. Ce graffiti est apparu sous le pont A9 qui enjambe l’Almond, à Inveralmond, Perth, Écosse.
Galets peints
Vers la fin du confinement, les enfants ont commencé à déposer des galets devant leur école en signe de solidarité et d’empathie.
L’idée était de former une ligne de galets colorés, «la chenille du confinement» de l’école primaire Moncrieffe, à Perth, en Écosse.
Écomusée, Hongrie – «Exposition virtuelle de masques»
"Budapest"
Lorsque les stocks de masques ont commencé se tarir, j’ai moi aussi voulu me procurer une protection adéquate, mais à ma façon toute particulière. J’ai choisi le masque des médecins de la peste pendant le Moyen-Âge. J’étais convaincu que si cela avait fonctionné à l’époque médiévale, cela pouvait encore servir aujourd’hui. Je l’ai reçu juste à temps, en avril. J’ai fait les courses, j’ai marché dans la rue et j’ai pris les transports publics pendant une semaine avec ce masque. Dès que j’arrivais quelque part, les gens s’arrêtaient de parler car je leur faisais peur. Des photographes professionnels continuent de m’appeler pour prendre des photos de moi dans la rue. Pandémie ou pas, les gens devraient toujours garder le sens de l’humour, y compris de l’humour noir.
"Mosonmagyarórvár"
Tout a commencé le 13 mars au soir, lorsqu’on nous a annoncé que l’école serait fermée à partir du lundi suivant. Nous avons tous pensé que cela durerait une ou deux semaines... nous avons eu tort.
Ces masques sont en tissu imprimé pour les enfants et blanc uni, sur trois couches, pour les adultes. J’espère que tout reviendra bientôt à la normale. Aujourd’hui, la situation s’améliore, on peut de nouveau participer à des camps d’été et rencontrer nos amis!
"Mezőkövesd"
C’est un couturier local qui a cousu le masque que je portais à mon mariage. J’aurais voulu qu’il soit brodé mais nous avons été pris par le temps. Notre famille a des origines matyós, communauté réputée pour la qualité de ses broderies.
Le mariage a été célébré le 21 mars à Mezőkövesd, ma fiancée Beáta Görzsöny est alors devenue ma femme, madame Kiss. :-) Pour respecter les mesures de sécurité, nous n’avons invité que quelques personnes, c’était étrange, mais cela reste quand même un souvenir magnifique.
"Debrecen"
Le gouvernement a lancé des appels sur internet et dans la presse locale pour demander à la population de coudre des masques à la maison. Nous nous sommes inscrits auprès de l’un des centres communautaires de Debrecen, qui nous a envoyé tout le matériel nécessaire, tissus, élastiques et patrons. Le reste n’a pas été trop compliqué. Mon mari a conçu le dessin, mon fils (dont la capacité de travail est réduite) a découpé le tissu et j’ai ajouté les points de couture nécessaires à la fin. Nous avons produit plus de 150 masques en quelques jours. C’était non seulement amusant, mais aussi vraiment utile!
Musée national d’anthropologie (Madrid), Espagne - «Projets COVID»
Nous avons demandé à nos visiteurs de nous envoyer des photos d’eux avec leur masque. Désormais obligatoires, ces masques caractérisent les nouveaux visages dans les espaces publics.
Pendant le confinement, nous avons demandé à nos visiteurs de transformer leur maison en musée et d’expliquer en vidéo leur «œuvre préférée». Alfonso nous a raconté que son chapeau faisait remonter beaucoup de souvenirs de son pays: le Mexique.
Pendant le confinement, plus de 20 anthropologues ont collaboré avec le musée en expliquant ce qu’il se passait et les changements que pourrait subir la vie humaine après cette crise. Nous avons publié leurs articles sur le site du musée. Cette photo apparaît dans l’article d’Álvaro Alconada intitulé «Suspendus dans un temps de réflexion».
Tout au long des semaines pendant lesquelles les Espagnols étaient confinés à la maison pour éviter d’attraper la COVID, leurs fenêtres étaient leur seul moyen de voir ce qu’il se passait dehors, dans leur rue ou leur quartier. Nous leur avons donc demandé de nous envoyer des photos de leurs fenêtres. Cette photo, prise depuis la fenêtre d’Ana, nous montre comment, même «confiné», on voit toujours l’arc-en-ciel.
Nous avons également demandé à notre communauté de nous envoyer des photos montrant comment ils ont renoué avec leur quartier après des mois sans avoir pu s’y promener. Ángel nous a envoyé une photo de sa première visite à l’église depuis longtemps.
Musée national de Finlande - «Collection de photos»
Participants à la manifestation communautaire de danse Poikkeusliike («mouvements exceptionnels») dans le district de Ruohalahti à Helsinki, 27 mars 2020. De nombreuses personnes ont participé à une manifestation de danse en ligne couvrant toute la Finlande en dansant en même temps pendant 20 minutes à l’endroit de leur choix.
La fresque Superhoitaja («super infirmière») remercie les infirmiers pour leur travail pendant la pandémie de COVID-19. Situé dans le quartier Konepaja du district de Vallila à Helsinki, le graffiti réalisé par Molotow Finland rend hommage aux professionnels de santé, 28 avril 2020.
Cours d’études environnementales dans le parc Sinebrychoff pour la classe 3B de l’école allemande d’Helsinki, 26 mai 2020. Quand les écoles ont rouvert à la mi-mai, certaines classes ont choisi de travailler en extérieur et d’autres à l’intérieur. Dans le fond, on aperçoit Anmol Dogar, une éducatrice spécialisée.
Malgré le coronavirus, l’organisation Hurstin Apu distribue de la nourriture aux personnes pauvres et défavorisées dans le district de Kallio à Helsinki, 17 avril 2020. En raison du confinement, l’organisation a renoncé aux files d’attente et distribuait la nourriture lorsque les gens venaient la demander. Cette organisation caritative distribue des colis de nourriture et de vêtements 365 jours par an à ceux qui en ont besoin et organise plusieurs manifestations.
Musée ethnographique de Slovénie - «Collecte de plaisanteries en rapport avec le coronavirus»
Avec l’apparition de la pandémie de COVID-19, nous nous sommes demandé, au musée ethnographique de Slovénie – une institution dotée d’une responsabilité sociale –, comment nous pourrions apporter notre pierre à l’édifice et, surtout, aider les gens quelle que soit leur situation. Nous avons décidé de collecter les plaisanteries qui commençaient à circuler entre nous. Notre but était de faire rire les gens et de soulager les angoisses, peurs et inquiétudes du quotidien liées à la maladie, à l’isolation et à la solitude.
D’autre part, nous voulions également documenter la situation dans notre société à l’aide de plaisanteries, qui font partie de notre patrimoine culturel spirituel. L’une d’entre elles dit que vu le nombre de blagues qui circule, jamais une pandémie n’a été aussi joyeuse. Ou que les blagues sur le coronavirus circulent plus vite que le virus lui-même.
En deux mois, nous avons recueilli plus de 1 000 plaisanteries, qui sont actuellement projetées sur ordinateur dans la grande salle du musée et dans un stand devant le musée, selon une sélection renouvelée chaque semaine. Pour la nuit estivale des musées qui aura lieu le 20 juin 2020, nous préparons une exposition intitulée «Koronski humor».
Musée du comté de Monaghan, République d’Irlande - «Raconter notre expérience pour la postérité»
Musée de l’ethnographie, Hongrie - «Objets en quarantaine»
Masque orné de violettes brodées
«Je suis une grande amatrice de broderie et je sais donc très bien le temps qu’on doit y investir; je brode moi-même beaucoup pendant mon temps libre. Ce masque est constitué de deux couches et a été fait à la main. Pour le décorer, j’ai choisi la violette pour deux raisons: c’est une des premières fleurs qui éclot au printemps, ce qui correspond au moment où la pandémie a fait son apparition en Hongrie; c’est aussi un symbole de renaissance et d’espoir – dans la lutte contre le virus.»
Technologie et créativité
«Mon mari et moi faisions tous les deux du télétravail pendant le confinement. Mon travail quotidien est constant et assez chargé. En revanche, sa charge de travail est aléatoire, mais il est contrôlé de près, l’activité sur son écran est vérifiée régulièrement. Ce qui peut être très agaçant lorsqu’il n’y a rien à faire pour le travail et qu’il y a plein de choses que l’on pourrait faire dans la maison. Nous avons donc trouvé un subterfuge en ayant recours à une brochette. Pendant que je travaille, l’autre écran reste allumé.»
Centre de table
«Pendant mon temps libre, j’aime laisser libre cours à mon imagination pour créer des décorations. J’ai ainsi créé ce centre de table pour Pâques. Nous n’avons pas vu les membres de notre famille depuis des semaines et nous regardons les nouvelles informations sur le virus à la télé tous les jours maintenant. Je pense donc qu’un peu d’humour peut vraiment alléger nos journées.»
Des masques qui ont un sens
«Dès que la pandémie a fait son apparition en Hongrie, les gens se sont jetés sur les masques. J’ai donc décidé de fabriquer mes propres masques – cela me semblait être la seule solution. J’ai cherché un t-shirt constitué d’un coton de qualité à partir duquel je pouvais fabriquer six masques.
Cette image m’émeut car l’Italie est mon pays préféré et elle a été le premier pays à être confronté au virus en Europe. Il y a une expression en italien, “dare una mano”, qui signifie donner un coup de main à quelqu’un. Il manque seulement un bras à ce t-shirt, ce qui symbolise à mes yeux le “coup de main” que l’Italie aurait dû recevoir de ces pays dont les touristes sont les principaux consommateurs de ces marchandises.»
Table à repasser
«Cette table à repasser a été beaucoup plus présente dans notre quotidien au cours des sept dernières semaines que les dix années qui ont précédé.
Comme elle est réglable en hauteur, elle est parfaite pour y poser l’ordinateur portable pendant les cours de piano en ligne que suit mon enfant, car cela donne à l’enseignant une vue parfaite non seulement de sa posture mais de ses doigts aussi. Cela valait la peine de l’acheter rien que pour cela.»
Musée national du Danemark - «Objets numériques à l’ère de la COVID-19»
Rentrez chez vous
À Pâques, dans une zone peu peuplée, une nuée de personnes a décidé d’aller en randonnée dans la nature environnante, malgré les instructions au Danemark demandant de rester confiné chez soi. Une résidente s’est insurgée contre la foule de personnes et a fabriqué un panneau sur lequel était écrit «Rentrez chez vous», qu’elle a mis au bord de la route. Mais comme ses voisins s’en sont offusqués, elle a finalement retiré le panneau.
Musée de Vesthimmerland, Danemark - «Instantané de la COVID»
Anniversaire
Un anniversaire sans invités! À cause du virus, les maisons de retraite étaient fermées et les visiteurs interdits d’accès. C’est pourquoi la famille de Gerthe Gertsen a dû se réunir à l’extérieur de la maison de retraite pour célébrer son 91e anniversaire le 2 avril. Elle est assise à la fenêtre.
Infirmière
Chaque jour, le musée recueille des témoignages de personnes qui sentent soudainement que le monde est sens dessus dessous. En temps normal, Charlotte Høj Opheim-Winje est infirmière chirurgicale orthopédique, mais en quelques jours, elle a été formée pour s’occuper de patients atteints du coronavirus à l’hôpital de Farsø. Son histoire est désormais préservée pour les générations futures.
Netto
Avant d’entrer dans les supermarchés et les épiceries, les clients sont encouragés à faire attention aux autres clients et aux employés, et à garder leurs distances. Les magasins soulignent également qu’il n’y a pas de raison d’accumuler certains produits, car ils sont toujours livrés quotidiennement. Les écriteaux et les avertissements sont un élément important de la documentation de notre musée sur une situation très particulière. À l’avenir, certains feront partie de sa collection. Le musée collabore également avec la mairie afin d’obtenir des résumés de décisions et d’autres documents municipaux importants.
Faits
Désinfectant pour les mains, gants an plastique et panonceaux expliquant comment se comporter dans le supermarché et la capacité maximale du magasin. Faire ses courses est soudainement devenu dangereux, ce n’est plus ce que c’était. Le musée documente cette évolution: il voit dans la crise de la COVID-19 une occasion unique de consigner l’histoire alors qu’elle est en train de se produire. Ce qui compte vraiment pour le musée, c’est de rendre compte de tous les changements qui se produisent.
La Fonderie, Belgique - «L’intime confinement»
Le chariot de course
«Avant», ce chariot, c’était le symbole des courses qu’il «fallait faire» le week-end, au détriment d’autres occupations beaucoup plus attrayantes. On le trainait un peu comme un boulet, et on ne voyait en lui qu’un objet utilitaire. Désormais, au temps du confinement, il est devenu le signal de la sortie, de l’aventure, de l’air frais sur les joues.
Le séchoir
Comme ma femme (celle du chariot de course) est en télétravail dans notre pièce nommée bureau, je suis confinée dans notre salon, salle à manger…
Mais, notre bureau, dans la vie d’avant, servait de: salle de piano, salle de chant, salle d’ordinateur, salle de peinture et, tous les 2/3 jours de salle à sécher…
«Plume» et moi vivons désormais dans notre salle à manger séchoir. Je me console car, en ce temps de confinement, le repassage rendu superflu nous évite de vivre aussi dans la salle de repassage!
Un téléphone
Mon téléphone est devenu très important depuis le début du confinement parce que j’ai pu appeler ma famille, mes amis... Grâce au téléphone, je suis aussi en contact avec mon institutrice.
J’ai cassé mon ancien téléphone le dernier weekend avant le confinement et j’ai pu acheter celui-ci à la toute dernière minute, le mercredi où tous les magasins devaient fermer à midi, je suis arrivée dans le magasin à 11 h du matin. Ouf!
Musée national d’art contemporain, Roumanie - «Laboratoire artistique en quarantaine de l’UNArte»
Piège, 2020 / Je ne suis pas là, 2020
«Même si la maison de mes parents est bien plus grande que le studio dans lequel j’habitais à Bucarest avant la quarantaine, je me sens comme dans l’une de ces grandes cages au zoo, où les animaux vivent dans des conditions qui répliquent leur habitat naturel, mais où ils ne sont pas libres.»
Projet Partout chez soi: Il n’y a pas d’extérieur, 2020 / Nous vous appellerons, 2020
«Malheureusement, la situation m’oblige à faire de mon appartement mon seul “chez moi”. En dessinant, je peux m’évader un peu et me placer dans différents lieux à l’atmosphère familière. Même si ce qui transparaît est ma solitude et mon ennui, je considère que cette période est très bénéfique pour le développement artistique et plus encore.»
Journal de l’autoconfinement, fragment, 2020
«La série “Quel jour sommes-nous” est un court journal de l’autoconfinement qui illustre mon processus personnel d’adaptation au cours de la pandémie, pendant près d’un mois. Cette série a commencé comme un travail pour l’université, mais elle s’est révélée être l’une des activités les plus thérapeutiques que j’ai faites ces derniers mois.
Le journal compte deux parties: la première répond à la question “Où suis-je?” et reflète avant tout les changements psychologiques causés par cette réalité nouvelle et bien trop différente que délimitent les quatre murs entre lesquels nous nous sommes retrouvés enfermés du jour au lendemain; la deuxième cherche à savoir “Où voudrais-je être?” et illustre avec nostalgie les petits désirs autrefois banals qui envahissent nos pensées en cette période.»